J+4 mois et 9 jours, re-bonjour monsieur le réparateur de genou

LA RADIO

Moi (à l'accueil): bonjour (en lui remettant ma feuille de rendez-vous ainsi que ma feuille de radio et les étiquettes à mon nom)
L’esquimaude de l'accueil: merci
La radiologue:  « allez vous asseoir en salle d'attente » (dit d'un froid à vous glacer un Inuit)
L’esquimaude de l'accueil: je lui rends ses documents (ba oui, j’attendais qu'elle me rende mes documents, c'était pourtant évident)

Je reprends donc mes documents et vais m'asseoir, 15 secondes plus tard la radiologue annonce mon nom (en l'écorchant avec l'ajout d'une lettre, tient... je me demande qui est le plus écorché des deux).

Arrivé dans la salle des radios, elle me donne ses chaleureuses instructions:
« debout dos au mur...»
« tournez-vous vers votre droite et ne bougez pas » (comme si j’étais là pour une séance de tecktonik!, elle devait être "maton aigri" avant).

En fin de séance, (sous mon charme bien sûr) elle esquisse un miraculeux sourire pour la remise de mon diplôme.


LA VIELLE DAME

C'est donc à 8h26, diplôme sous le bras que je me rends au secrétariat du chirurgien, sourire aux lèvres, genou en vrac.

Une personne âgée est là (pour ne pas dire lasse) dans un fauteuil à roulettes (les ambulanciers venant de partir).
Personne n'écoute ce que peut essayer de dire cette dame.

Elle aurait eu 80 ans de moins tout le monde serait autour,... ah oui... elle en 104 ans, rien que ça.
Le calendrier grégorien n’accusait que 1907 années au compteur lorsque cette dame a vu le jour.

Elle aura donc connu la guerre de 14-18, la guerre de 39-45, et même plusieurs fois la guerre des boutons: la guerre des boutons (1969), La Guerre des boutons, ca recommence (1994), La Guerre des boutons (2011), La Nouvelle guerre des boutons (2011), et pourquoi pas, si elle en a la patience, "la guerre des boutons, la revanche des bretelles".


LES HÉROS

Donc..., je disais..., je m'approche timidement d'elle afin de rendre accessible à mes jeunes oreilles son appel de détresse.
Elle me murmura (non, ce n'est pas le remake de "La femme qui murmurait à l'oreille des ânes") avoir soif (même si ce n'est pas la canicule, nous sommes quand même mi-août).
J'interpelle donc un membre du personnel hospitalier qui passait par là afin qu'il trouve un verre d'eau à cette dame.
Il s'est donc activement mis à la recherche de ce verre d'eau dans un périmètre de 3 mètres autour de lui puis a vite abandonné pour retourner à sa tâche précédente. En même temps, on ne va pas le blâmer de se remettre "bredouillement" à son activité, et le couper dans son élan, il lui a peut être fallu trois semaines pour s'attabler à ses tâches.

Je suis donc parti à la quête d'un verre d'eau (que j'ai trouvé, même pas besoin de "baguette de sourcier") et suis allé faire boire cette dame qui m'a remercié en me tutoyant (elle tutoyait tout le monde, mais quand on tutoie dieu, on peut se le permettre), puis j'ai simplement enlevé ma tenue de Superman pour retourner m'asseoir dans l'attente de mon rendez-vous avec le chirurgien.


LE RENDEZ-VOUS (enfin!!)

9h30 je rentre en rendez-vous, cool, seulement 25 minutes de retard.
Le chirurgien regarde la radio, tout va bien, il me regarde le genou, tout va bien, je lui dis que ces derniers jours j'ai quelques douleurs lors de l'extension du genou, il me répond « classique », et je me suis dit "réponse classique".
Je lui aurais dit que je n'ai plus de jambe, il m'aurait répondu « dans ce cas arrêtez le glaçage du genou ».
L'examen a donc été bref, ma situation semble normale et je n'ai pas plus de questions que cela à lui poser.
 
9h40 je suis sorti comme je suis rentré (mais dans l'autre sens).
Et comme il sait que je vais lui manquer, il veut me revoir dans cinq mois. J'en ai profité pour lui demander quelques séances de kiné, non pas que je sois amoureux du kiné, mais cela me fait doucement progresser.
 
Et pour me réconforter, il m'annonce qu'il faut compter 12 mois (après opération) pour le rétablissement d'une opération du genou (LCA + ménisque).

Je ne lui ai pas fait la bise (il est un peu hermétique), tout mou, et je suis allé prendre mon rendez-vous pour une prochaine aventure, d'un mou du genou.

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